Les plus grandes préoccupations des acteurs de l’équitation en France  

Au fur et à mesure de l’évolution des besoins des hommes, des politiques associées et des techniques disponibles, la filière équine s’est construite, sans véritablement se structurer, s’accommodant plus ou moins d’une tutelle étatique progressivement remise en cause. Cette filière est néanmoins une source d’emplois, d’activités secondaires et de loisirs importants. Trait d’union entre tradition et modernité, villes et campagnes, plaisir et performance, elle rassemble une grande variété d’acteurs, parfois opposés, mais généralement animés par la même passion pour le cheval. Dans cet article, on parle des principales préoccupations ressenties par les acteurs du secteur de l’équitation.

L’instabilité de l’emploi, un poids pour les salariés et les employeurs

La filière équine représente une source d’emplois importants, en particulier agricoles, caractérisés par une certaine précarité et un fort turn-over qui touche particulièrement les jeunes, 48 % d’entre eux quittant leur poste après un an d’activité. Ceci peut pour partie s’expliquer par un désenchantement à la découverte d’une activité professionnelle choisie à partir de l’expérience de l’amateur ou du cavalier de loisir. 

Les employeurs reconnaissent que les métiers au contact du cheval présentent souvent des conditions de travail difficiles, des salaires peu élevés, ainsi que des horaires parfois peu compatibles avec une vie de famille si des efforts d’organisation du travail ne sont pas proposés. Ces éléments peuvent occasionner de fortes déceptions chez les jeunes salariés avant tout motivés par la passion et le contact des chevaux. Du côté de l’entreprise, le renouvellement de ces salariés présente un coût économique important.

Au-delà, tout ceci est un frein à la professionnalisation des salariés qui n’accumulent pas suffisamment d’expérience pour devenir spécialistes de leur métier. À ces questions s’ajoutent celles relatives au statut des salariés, qui avait connu des améliorations grâce à la baisse de la TVA en 2005. Aujourd’hui, encore 56 % des salariés, et plus particulièrement des femmes, sont en contrat précaire et certains acteurs professionnels craignent que le relèvement de la TVA n’accentue cette situation, en particulier dans un contexte où il semble difficile d’envisager la répercussion de cette hausse sur les tarifs pratiqués aux consommateurs. 

Par ailleurs, le poids important des bénévoles et des amateurs au regard de celui des professionnels, associé à l’ambiguïté sur le statut de professionnel, fait qu’une partie des acteurs ne sont pas spécifiquement formés à ces métiers. En outre, la formation n’est pas toujours adaptée, le niveau à l’entrée en formation pose souvent problème et certains métiers ne disposent pas de formation spécifique permettant aux jeunes de se préparer à la vie active. Ceci crée une inadéquation entre les compétences des candidats et celles attendues par les employeurs qui certaines fois se voient obligés de choisir eux-mêmes les accessoires de leurs chevaux sur La Sellerie Française

Le professionnalisme en question

Un débat récurrent au sein de la filière oppose les « professionnels » aux « amateurs », chacun ayant sa définition de l’une et l’autre catégorie. Ainsi, les éleveurs qui se définissent comme « professionnels » par le fait qu’ils essayent de vivre de leur activité, accusent les autres d’exercer une concurrence déloyale et trouvent illégitime qu’ils reçoivent des aides de l’État alors que leur activité relève du loisir. Ils leur reprochent en outre d’avoir pris le pouvoir au sein des associations professionnelles alors que leur approche de l’élevage est trop éloignée de la réalité économique et qu’ils ne compensent pas cela par une culture scientifique capable d’apporter un plus en termes de programme de sélection par exemple.

D’autres acteurs pensent néanmoins qu’il n’est pas possible d’associer le professionnalisme à un statut d’entreprise, ou que les éleveurs véritablement professionnels sont trop peu nombreux pour faire une distinction, sachant que la filière fonctionne par ailleurs en grande partie grâce à l’importance des éleveurs « amateurs ». Enfin, il y a ceux qui pensent que le compromis serait un soutien aux entreprises plutôt qu’aux éleveurs, un effort de valorisation des jeunes actifs afin que ceux-ci prennent des responsabilités et une attribution de primes selon des critères d’éligibilité qui correspondent à une politique, des objectifs et non pas un statut. 

Ces difficultés pour différencier, éleveurs professionnels et amateurs participent à la grande opacité du marché des chevaux de selle français qui, tout comme le « recyclage » des chevaux de course et de sport vers l’équitation de loisir nuit au développement de véritables débouchés pour les chevaux de loisir comme de hauts niveaux et donc aux éleveurs. Cette question du professionnalisme peut également se poser pour les cavaliers de haut niveau, qui sur un plan financier, ne peuvent pas vivre de la compétition et doivent y associer une autre activité.